Oxygénation hyperbare (OHB) pour aider les traumatismes crâniens légers, Covid-long,…

Rappel : L’oxygénation hyperbare n’est pas un traitement pour les maladies neurologiques, mais peut être un complément aux soins médicaux permettant une amélioration de certains symptômes. Elle ne remplace pas un traitement médical !

Voici un résumé d’une étude parue en Octobre 2024 dans Frontiers in Neurology faisant une revue des bénéfices de l’oxygénation hyperbare pour des troubles du système nerveux notamment les traumatismes crâniens légers, commotion cérébrale, syndrome du stress post-traumatique, covid long, fibromyalgie…

Qu’est-ce que l’oxygénation hyperbare (OHB) ?

 

L’oxygénothérapie hyperbare consiste à respirer de l’oxygène à des pressions supérieures à l’atmosphère normale dans une chambre étanche. Les sessions varient selon les pathologies, mais se situent fréquemment entre 1,5 et 2,4 atmosphères absolues (ATA) pendant une heure ou plus, répétées sur plusieurs semaines.

L’OHB est utilisée depuis longtemps en médecine pour traiter diverses maladies causées par l’hypoxie. Ces dernières années, on s’intéresse de plus en plus à son potentiel en tant que technique neuromodulatrice pour soutenir la récupération cérébrale et améliorer certaines fonctions cognitives ou psychiatriques.

 

Les mécanismes cellulaires et moléculaires de l’oxygénation hyperbare

 

Fonction mitochondriale et apoptose de l’OHB

Les mitochondries, éléments essentiels à la production d’énergie (ATP), consomment l’essentiel de l’oxygène respiré. L’oxygénation hyperbare améliore leur efficacité : des études ont montré une augmentation de peptides neuroprotecteurs qui favorisent la survie neuronale et la production d’énergie.

Des études sur rats ayant subi des traumatismes crâniens montrent qu’après quelques heures d’OHB à 1,5 ATA, l’ATP augmente, les neurones survivent davantage, et la récupération cognitive s’améliore. L’OHB favorise même le transfert de mitochondries depuis les astrocytes vers les neurones pour renforcer leur résistance à l’inflammation.

 

Neurogenèse, angiogenèse et synaptogenèse par l’OHB

 L’oxygénation hyperbare stimule la prolifération de cellules souches neuronales et encourage les neurones à migrer vers les zones lésées. Ces changements favorisent aussi la formation de nouveaux vaisseaux sanguins (angiogenèse), améliorant la perfusion cérébrale.

Des marqueurs de développement neuronal augmentent dans l’hippocampe et la zone subventriculaire après traitement chez des animaux, avec une amélioration des performances cognitives. Chez certains patients, L’OHB favorise la mobilisation de cellules souches circulantes et la libération de facteurs trophiques bénéfiques.

La synaptogenèse, ou la création de nouvelles connexions neuronales, est observée via l’augmentation des protéines spécifiques favorisant la plasticité cérébrale.

 

Effets anti-inflammatoires et oxydatifs de l’OHB

L’oxygénation hyperbare aide à réduire l’inflammation cérébrale en diminuant des molécules pro-inflammatoires comme TNF‑α et IL‑6. Elle renforce aussi les défenses antioxydantes, ce qui limite le stress oxydatif, un facteur majeur de détérioration neuronale.

Le concept de paradoxe hyperoxique‑hypoxique décrit comment les cycles d’exposition à un taux élevé d’oxygène suivis d’un retour à l’oxygène normal activent des voies de régénération sans provoquer un réel stress hypoxique, stimulant ainsi la plasticité neuronale.

Applications cliniques et résultats récents de l’oxygénation hyperbare

 

Traumatismes crâniens et séquelles de commotions et l’OHB

Une méta-analyse parue en 2016 montre que l’oxygénation hyperbare améliore de manière significative les fonctions cognitives chez les patients atteints de traumatisme crânien aigu. Des essais cliniques montrent aussi des bénéfices chez ceux souffrant de commotion cérébrale chronique ou de séquelles post-commotionnelle, avec amélioration cognitive et réduction des symptômes.

Fibromyalgie et douleur chronique et l’OHB

Des études, y compris un essai clinique randomisé, indiquent que l’oxygénation hyperbare réduit la douleur, améliore la fatigue, le sommeil, la fonction globale des patients et la qualité de vie chez des personnes atteintes de fibromyalgie. Dans un essai ciblant des femmes avec fibromyalgie liée à un traumatisme sexuel infantile, 60 séances d’OHB ont produit une amélioration marquée de la douleur, des symptomes du stress post-traumatique, et des mesures de qualité de vie, avec des modifications observées à l’imagerie cérébrale.

Dépression post-AVC et syndrome du stress post-traumatique et l’OHB

Une méta-analyse de 27 essais cliniques (2 250 patients) a trouvé une réponse significative à l’oxygénation hyperbare pour la dépression post-AVC, supérieure aux traitements pharmacologiques classiques.

Un essai chez des vétérans souffrant du syndrome du stress post-traumatique résistant aux traitements, avec 60 séances, a montré une réduction significative des scores du syndrome, de la détresse psychologique et de la dépression. L’IRM fonctionnelle (fMRI) et l’imagerie DTI ont révélé une amélioration de la connectivité et de la microstructure dans des régions cérébrales clés (préfrontal, hippocampe, appelosum, fornix, insula).

 

Syndrome du covid long et l’OHB

Une étude randomisée, contrôlée, chez 73 patients souffrant de symptômes persistants un an après COVID‑19 a montré une amélioration durable des fonctions cognitives, énergie, sommeil, douleur et symptômes psychiatriques, avec des modifications positives de la perfusion cérébrale et de la microstructure cérébrale.

 

En résume : des bénéfices cliniques observés avec l’oxygénation hyperbare

Fonctions cognitives renforcées : mémoire, attention, vitesse de traitement mental, fonctions exécutives, même chez des patients chroniques ou âgés.
Soulagement de la douleur et amélioration de la fonction motrice dans des syndromes comme la fibromyalgie ou les neuropathies chroniques.
Amélioration des troubles de l’humeur et anxiété/Syndrome du stress post-traumatique : chez des sujets post-AVC, vétérans, patients post-COVID, avec meilleure qualité de vie globale.
Effets durables observés jusqu’à un an après traitement chez certains patients, notamment post-COVID ou syndrome du stress post-traumaitque.

 

Les limites et les précautions

Ces études sont très encourageantes sur l’efficacité de l’OHB pour des troubles neurologiques, mais des chercheurs mettent soulèvent aussi les limites de certaines de ces études qui étaient basées sur des échantillons faibles de patients analysés. 

Ils rappellent aussi qu’il peut y avoir des effets secondaires qui sont généralement légers et de courte durée à 1,5 bar de pression (Barotraumatismes (oreille moyenne, sinus), myopie transitoire, claustrophobie)

 

Conclusion et perspectives de l’oxygénation hyperbare

 

En synthèse, cette revue récente met en lumière un réel potentiel de l’oxygénation hyperbare comme outil neuromodulateur, au-delà de son rôle historique dans des traitements liés à l’hypoxie.

Grâce à des effets combinés sur :

* la fonction mitochondriale,
* la neurogenèse, angiogenèse, synaptogenèse,
* la réduction de l’inflammation,

L’OHB peut favoriser des améliorations cognitives, émotionnelles ou sensorielles dans divers contextes : traumatisme crânien, fibromyalgie, syndrome du stress post-traumaituqe, trouble post‑COVID long, AVC, Alzheimer.

Des études plus rigoureuses sont indispensables pour confirmer son efficacité, déterminer les populations cibles et optimiser les protocoles thérapeutiques.

 

NDLR : Dans notre cabinet, l’oxygénation hyperbare se fait à une pression de 1,3 ou 1,5 bar de pression et en combinaison des soins appropriés pour les troubles de stress post-traumatiques tels que la photobiomodulation ou laser froid, la neuro-stimulation et des soins chiropratiques combinés à la neurologie fonctionnelle. 

 

Références :